Dans le cadre des rencontres “House on Fire”, la librairie Ombres Blanches et le Théâtre Garonne organisent une rencontre avec Geneviève Azam autour de son ouvrage “Osons rester humain. Les impasses de la toute-puissance” (éditions Les Liens qui Libèrent) avec Christophe Bonneuil.
Geneviève Azam est maître de conférences en économie et chercheuse à l’Université Toulouse II. Elle est par ailleurs militante écologiste et altermondialiste au sein de l’organisation Attac. Aux éditions Les Liens qui Libèrent, elle est notamment l’auteur de Le temps du monde fini (éditions LLL, 2010) et co-auteur de La nature n’a pas de prix (éditions LLL, 2012).
Le dérèglement conjoint du monde et de la nature, le surgissement d’évènements extrêmes qui échappent à la maîtrise et à la capacité d’imagination (dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, cumul explosif des inégalités), donnent à voir une défaite de la toute-puissance et de l’idéalisme prométhéen. La fragilité des écosystèmes, la fragilité des sociétés, la fragilité des citoyens désocialisés, disloqués, massifiés, se révèlent violemment. Ces évènements s’enchevêtrent et laissent entendre que l’humanité ne va plus de soi, à la fois comme espèce habitant la Terre et comme créatrice de mondes communs.
Face à ces défis immenses, doit-on cultiver la fragilité inhérente à l’espèce humaine ou bien tenter de la vaincre ? Tel est l’objet de ce livre, qui s’attache à déconstruire la toute-puissance issue du dualisme occidental, qui a opposé nature et société et autorisé finalement la domination et l’instrumentalisation de la nature et des humains. Cultiver la fragilité est une force créatrice qui rassemble au lieu d’opposer, qui lie au lieu de délier, qui conjugue au lieu de mettre en concurrence, qui refuse fermement la démesure au lieu de l’accentuer dans une course désespérée. Des voix et des pensées diverses ouvrent ce chemin, des expériences multiples indiquent d’ores et déjà une bifurcation. Oser rester humain signifie à la fois se libérer du dualisme occidental et s’opposer aux biopouvoirs et géopouvoirs qui entendent supprimer la nature pour nous délivrer définitivement, voire éternellement, de notre fragilité et des limites de notre condition.