La part du chat
de Jérémy Hamers (Belgique, 2006, 52 min)
Carmo de Rio Verde, au Brésil, est un village qui vit de l’exploitation de la canne à sucre. Une entreprise y gère toute la fabrication de l’alcool, possède ou loue tous les champs et mobilise 2 000 ouvriers dont 1 200 saisonniers recrutés par « el gato », le chat. Entre sueur et cendres, le film aborde le prix humain de la richesse du Brésil, de son carburant « propre »
Quelques jours avant la récolte, les champs de cannes à sucre sont brûlés afin de débarrasser les plantes de leurs feuilles encombrantes. Les ouvriers doivent alors travailler sur des cendriers géants. « D’un point de vue esthétique, le spectacle de ces champs qui brûlent m’attirait beaucoup, explique Jérémy Hamers. Les images du feu viennent renforcer la violence du travail et rendent l’exploitation visible ; les hommes sont couverts de suie, travaillent dans les cendres… » Un documentaire à la fois social, politique et poétique.
Le débat
animé par Christian Berdot des Amis de la Terre Aquitaine :
On projette 400 millions d’hectares d’agrocarburants pour l’Afrique australe, 120 millions d’ha pour le Brésil, 40 millions d’ha pour l’Inde, 20 millions d’ha en Indonésie… Même en Ethiopie pays marqué par une grande insécurité alimentaire, on parle d’un projet d’un million d’hectares ! Comme acteurs financiers, on retrouve toutes les IFI – les banques régionales de développement, le FMI, la Banque Mondiale – mais aussi les grands groupes bancaires avec des fonds d’investissements. Sur le plan industriel, toutes les multinationales ayant à faire, de près ou loin avec l’énergie, les transports ou l’agroalimentaire sont de la partie. C’est toute une nouvelle géopolitique mondiale qui se met en place, avec de nouvelles alliances qui se nouent entre les milieux financiers et industriels transnationaux et les aristocraties foncières parmi les plus brutales de la planète (Brésil, Indonésie, Colombie…). Quand on constate l’ampleur et la multitude des projets d’agrocarburants dans le monde, on se demande si ce système économique n’a pas lancé son ultime offensive contre les derniers écosystèmes de la planète et l’Humanité…
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