VISITE AU SITE DE BOLLENE-BARJAC DU CETIOM LE 20 MAI 2009

Le compte rendu

Les différents communiqués adressés préalablement aux Ministères de l’Environnement, de l’Agriculture, et au CETIOM ont donné à cette visite un caractère tout à fait officiel. Une rencontre entre des représentants des associations qui appelaient à cette action et des représentants du CETIOM était prévue à 14h le 20 mai.

La journée était organisée par le CETIOM, avec le concours de la Coopérative agricole, propriétaire du site privé du silo, et sur invitation de ses seuls adhérents. Ceux-ci, au cours d’une AG extraordinaire à 13 h ont décidé de nous interdire l’entrée du site. C’est leur droit. Le seul point de rencontre avec les agriculteurs était les parcelles d’essai sous la seule responsabilité du CETIOM.

Arrivés sur place vers 11h30, nous avons pu constater que nous étions attendus puisqu’une table et des bancs étaient dressés hors du site, par la coopérative (sur demande du CETIOM), pour une quarantaine de personnes, afin de permettre notre pique-nique. Des bouteilles d’eau minérale nous ont même été apportées. Néanmoins nous n’étions pas 40 mais environ 200. L’accès aux stands, peu fréquentés, qui servaient essentiellement à la promotion de matériel agricole et de produits tels que fongicides, herbicides, etc. (d’après notre “espion” en culottes -courtes…) nous étaient interdit.

Nous avons été informés que l’accès aux parcelles d’essais de tournesol mutés nous serait facilité par un transport en autocar, mais finalement il y avait si peu de places disponibles qu’une bonne centaine de personnes s’y est rendu à pied (1,5km) derrière la banderole “Non à tous les OGM”. Là, les techniciens du CETIOM en charge de faire visiter les essais à ces touristes peu ordinaires ont été aussi prolixes que des carpes tant sur la nature des essais (tournesol mutés/pas mutés) que pour répondre aux questions qui leur étaient adressées : “Je ne suis pas compétent pour répondre, adressez vous à mes supérieurs” est revenu comme un leit-motiv. Le personnel avait donc été, de façon prévisible, bien “briefé”. Il n’en reste pas moins que cette manifestation s’est déroulée en présence de la presse, la télévision et la radio et que l’opération mobilisation et communication a donc parfaitement fonctionné: il s’agissait que tout le monde sache que des essais de tournesol muté sont menés par le CETIOM, que ces essais posent des questions très sérieuses et qu’il est nécessaire d’obtenir des réponses claires quant à la raison pour laquelle ils échappent à la réglementation sur les OGM alors qu’ils posent exactement les mêmes problèmes.

Accompagné de Gérard Tubery, agriculteur bio et conventionnel dans l’Aude et administrateur du CETIOM ( région Sud) et de Pierre Jouffret, ingénieur CETIOM de la région,le directeur du CETIOM n’en était pas moins particulièrement nerveux. A peine assis à la table de discussion (dressée dehors et hors de l’enceinte du CETIOM !) avec les représentants des associations, il a menacé de s’en aller car il trouvait le nombre de représentants trop important (« entre 5 &10 » négocié). Il a immédiatement exigé des présentations -croyant sans doute avoir affaire à des non civilisés- et a failli s’étrangler en entendant se présenter Christine Thelen pour les Faucheurs Volontaires. Ses collaborateurs sont parvenus à le calmer et la discussion a pu s’engager. Etaient représentés dans la délégation: la Confédération paysanne, le Collectif Vaucluse, les Faucheurs Volontaires, ATTAC, le GIET, les Amis de la Terre et l’UNAF dont 3 membres et un suppléant du Haut Conseil de Biotechnologies.

Afin de calmer le jeu les représentants des associations ont rappelé que la démarche du CETIOM concernant les essais de tournesols mutés est parfaitement légale et que les associations n’étaient donc pas là pour en contester la légalité. Il s’agissait avant tout d’obtenir du CETIOM des réponses et des engagements. De leur côté les représentants du CETIOM semblaient ne pas comprendre du tout pourquoi des essais de plantes mutées, dont il existe des centaines de variétés commercialisées depuis au moins trois décennies, deviennent tout à coup sujet à controverse. Il a fallu leur rappeler qu’on avait mis plus d’un siècle avant de reconnaître la toxicité de l’amiante ou des produits chimiques que l’Europe commence à peine à évaluer aujourd’hui.

Aujourd’hui, les résultats scientifiques montrent que la mutagénèse provoquée génère encore plus souvent que la transgénèse des réarrangements génétiques non intentionnels et non visibles, mais aux effets potentiellement dangereux. Quand au brevet sur le gène muté, ils ignorent délibérément la confiscation du vivant qu’il génère. L’atteinte à la liberté des paysans et des consommateurs n’est visiblement pas leur problème. De plus, ces tournesols posent un second problème en diffusant des gènes de résistances aux herbicides: “Là, on franchit un pas décisif” ont assuré les associations. Celles-ci ont martelé: “Vous engagez les agriculteurs dans une impasse : la spirale des herbicides conduit à la résistance aux herbicides qui elle-même conduit à l’utilisation croissante d’herbicides, tout cela sans que l’impact de ces produits ou de la combinaison des différentes molécules sur la santé et l’environnement ne soit soumis à une évaluation. Nous affirmons la nécessité de cette évaluation. Vous ne pouvez pas vous contenter de voir que ce qui est immédiatement visible”. Elles ont également ajouté que la perspective d’essais de colzas mutés résistants aux herbicides pose de surcroît le problème de la pollinisation massive de plantes sauvages, problème qui existe avec le tournesol muté a priori uniquement pour les tournesols bios ou conventionnels. Par ailleurs, ces deux plantes sont visitées par les abeilles qui viennent s’y abreuver dès les premières pousses qui seront arrosées d’herbicides et, en l’absence de données fiables sur leur impact, représentent une menace pour la santé des abeilles.

Les représentants du CETIOM n’ont d’ailleurs pas été avares de précisions sur la liste des plantes mutées déjà présentes dans leurs champs et dans l’alimentation animale, ou leur expérience de la résistance aux herbicides (jusqu’à l’abandon de la culture de blé dur pour l’un!),ou le caractère très aléatoire des recombinaisons du génome; mais leur foi dans le progrès reste sans faille: le credo des « faibles doses » (associé quand même à la rotation des cultures) ne leur semble pas une fuite en avant, sans parler de leur travail au service des intérêts de firmes peu recommandables.

Ils ont botté en touche sur la question juridique : le fait que les plantes mutées soient exclues de l’application de la Directive 2001/18, malgré leur nature “OGM” selon la définition de cette même directive, n’est pas “leur business”….”c’est la loi”. Ils laissent aux politiques le soin de résoudre cela.

Le fait que les plantes obtenues par mutagenèse soient des OGM n’est pas du tout acquis pour eux : ces plantes sont commercialisées depuis des années et ils ne voient pas pourquoi elles seraient “soudain sujettes à caution”. Une incapacité évidente des représentants du CETIOM de se poser la question de la nature de ce qu’ils font est ressortie de l’entretien : ils font ce que préconisent les entreprises du moment qu’il est légal de le faire, point.

Les associations ont demandé la suspension des essais dans l’attente d’évaluations de ces pratiques, mais les représentants ne se sont engagés à rien de tel. Ils ont seulement assuré que les essais en cours seraient détruits avant la floraison. A nous d’être vigilants pour vérifier que cette promesse soit tenue. Ils se sont par ailleurs engagés à faire remonter tout ce qui avait été dit au Conseil d’Administration du CETIOM en assurant que toutes les questions posées seraient débattues.

La balle est donc dans le camp du CETIOM, mais nous n’attendrons pas leurs réponses 107 ans avant d’envisager la poursuite des actions.

En conclusion, Olivier Keller a rappelé que les démarches auprès des ministères suivent leur cours et qu’il est nécessaire de marteler tant auprès du public que des scientifiques que “tout comme la transgénèse, la mutagénèse provoquée pose de véritables problèmes (sanitaires, environnementaux et socio-économiques).”

La vidéo

Des ogm à Bollène (84) sur la Télévision Paysanne

Les photos

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