Avec Ulises Quiroz (Bolivien ayant participé à la campagne d’Evo Morales), Sarah Daniel (Franco/brésilienne, militante féministe membre des Amis du Mouvement des Sans Terre brésilien), Julien Terrié (France Amérique Latine Toulouse)
A Copenhague, les gouvernements des pays “développés” n’ont pas été capables de prendre des engagements concrets pour réduire la production de CO2, alors que la crise climatique est toujours là et s’accélère. Nous savons que pour commencer à l’enrayer, il faut baisser au minimum de 80% les émissions carboniques des pays développés d’ici 2050. Pourtant, aucune mesure suffisante n’est prise par les pays pollueurs, encore moins à l’échelle mondiale. En France, même la (pourtant très mauvaise) “taxe carbone” a été abandonnée, refermant du même coup le débat sur une fiscalité “carbone” juste, efficace et appliquée réellement aux pollueurs. De leur coté, les intérêts privés profitent de la crise pour contourner les quelques mesures qui existent (droits carbones), et investissent dans des technologies dangereuses pour la population et l’envirronement (nucléaire, agrocarburants, OGM …).
Globalement, leur stratégie est de culpabiliser et de mettre en danger les populations, tout en entretenant le développement du “climato-scepticisme” . En France, Claude Allègre mène une campagne mensongère, alors que 600 scientifiques du climat ont signé un appel contre les manipulations pratiquées dans son livre L’imposture climatique. Le but des “climato-sceptiques” est de freiner la formidable prise de conscience sociale et écologique qui se produit de plus en plus massivement à l’échelle mondiale. En ce sens, Copenhague n’a pas été un échec total, et l’espoir est venu des milliers de jeunes défilant pendant la tenue des conférences : leur slogan «System change, not climate change !», «Changeons le Système ! Pas le Climat !», a exprimé le lien intrinsèque entre questions climatiques et questions sociales, entre crise climatique et crise économique.
C’est aujourd’hui le gouvernement bolivien qui donne une suite à cette mobilisation, en convoquant la «Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la’Terre-Mère’» qui se tiendra à Cochabamba du 19 au 22 avril 2010. Car à l’heure actuelle, les peuples indiens des Andes et de l’Amazonie sont de ceux, encore trop rares, qui ont relié la question climatique et la question sociale. Les organisations paysannes de l’Altiplano bolivien ont contribué aux côtés du Mouvement des Sans Terre brésilien (MST) à donner une force certaine à la coalition Via Campesina en Amérique latine. La présence à Cochabamba de ces organisations, comme d’un nombre important de mouvements représentatifs des combats contre les compagnies pétrolières et les sociétés minières en Bolivie, au Pérou et en Equateur, est une garantie du contenu radical et concret de cet événement.
La conférence aura trois objectifs :
- Dégager les points de consensus et fixer des normes contraignantes et efficaces aux pollueurs et aux Etats.
- Discuter la possibilité d’un “référendum mondial” sur des mesures d’urgence.
- Pérenniser, après Cochabamba, un réseau mondial pour l’urgence climatique et la justice sociale.
Ainsi, la conférence de Cochabamba est l’occasion de commencer à créer un mouvement d’envergure, avant les nouvelles sessions de la conférence de l’ONU de juin à Bonn et de décembre à Cancun au Mexique.
Les luttes pour la justice climatique doivent dessiner les alternatives au capitalisme et au productivisme, pour conduire à un autre modèle de civilisation, à des révolutions profondes de nos modes de production et de consommation. Cette nouvelle société, solidaire et capable de vivre en harmonie avec la nature, sont les sources d’un projet d’émancipation humaine pour le XXIème siècle.
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